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The Apology - Photo Credit: Shudder

[Critique] The Apology: jamais sans ma fille

Si vous aviez perdu un être cher dans des circonstances aussi tragiques que mystérieuses, et que le responsable offrait de vous raconter exactement ce qui s’était passé, accepteriez-vous? Pour le personnage de The Apology, la réponse est oui, sans l’ombre d’un doute.

Même si elle met la dernière touche aux préparatifs du réveillon, Darlene n'a pas le cœur à la fête: c'est le vingtième Noël qu'elle passe sans sa fille. En cette nuit de tempête, cette absence la bouleverse tellement qu'elle est prête à abandonner son combat contre l'alcoolisme. Mais cette veille de Noël qui s'annonçait triste, mais tranquille prend une tournure inattendue lorsque son beau-frère se pointe à l'improviste après des années de silence, amenant avec lui cadeaux, souvenirs et, surtout, sinistres révélations.  
The Apology affiche film

Alison Locke a certainement eu une idée de génie en choisissant d’installer The Apology la veille de Noël. L’esprit des Fêtes ne suffit effectivement pas toujours à maintenir l’unité familiale et il n’est pas rare que les rassemblements familiaux réveillent le passé, pour le meilleur, et surtout, le pire. Les traumas et rancunes qui refont surface entraînent parfois des chicanes explosives ou même des ruptures définitives: ce film en est certainement l’exemple le plus extrême!

C’est un plaisir de retrouver Anna Gunn, qui s’est faite discrète depuis Breaking Bad. Son rôle dans la série de Vince Gilligan l’ayant certainement habitué à explorer le côté sombre de sa psyché, l’actrice est en pleine maîtrise du personnage, dont elle communique les émotions avec une authenticité percutante. En présentant Darlene comme une femme habitée par une certaine retenue, une certaine méfiance, elle fait de chaque envolée de colère un moment glorieux et cathartique et trouve en Linus Roache (Mandy) un précieux complice, qui donne vie à un personnage aussi pathétique que dangereux. Enfin, Janeane Garofalo (Mystery Men) fait bien plus qu’ajouter de l’humour à une œuvre lourdement chargée: elle insuffle le contenu d’une dose d’humanité plus que bienvenue, qui permet de voir Darlene sous un angle plus vulnérable et attendrissant en plus de célébrer l’amitié au féminin.

Le premier long métrage de Locke joint le panthéon des thrillers et films d’horreur qui prennent cours pendant la saison festive sans pousser à fond la carte du 25 décembre. On y évoque certainement l’atmosphère de The Lodge, notamment avec les plans aériens qui renforcent le même effet d’isolement. On sent aussi l’inspiration de Black Christmas — un plan où Darlene regarde par une fenêtre embuée et encadrée de lumières de Noël adresse d’ailleurs un hommage à peine voilé au grand classique de Bob Clark.

Une heure et demie ne suffit évidemment pas pour traverser une gamme d’émotions aussi complexes qu’implique un deuil. C’est peut-être pourquoi, à la fin du film, le parcours de Darlene nous semble inachevé, pas tout à fait satisfaisant, trop nettement emballé. Néanmoins, même si le personnage enchaîne les cinq étapes du deuil à un rythme accéléré, Locke réalise un excellent travail de synthèse en faisant tenir ce touchant récit multicouche dans un si court laps de temps, et ce, sans bousculer l’intrigue ni brusquer le spectateur. Il est rare aussi de voir un traitement moral du thème de la vengeance aussi sensible et habile, surtout dans ce qui aurait aisément pu devenir un revenge movie.

The Apology arrive en vidéo sur demande et chez Shudder le 16 décembre.

Note des lecteurs0 Note
Points forts
Début prometteur pour la réalisatrice
Direction photo
Janeane Garofalo
Points faibles
Surchargé pour une heure et demie; devrait être plus long
4
Note Horreur Québec
Assistante à la rédaction

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Horreur Québec