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The Righteous

[Critique] The Righteous: le terrifiant gouffre des péchés

Note des lecteurs1 Note
Points forts
Points faibles
4
Note Horreur Québec

La justesse de The Righteous nous empêche presque de croire qu’il s’agit d’un premier film, mais c’est le cas. L’acteur Mark O’Brien (Ready or Not, Arrival), qui incarne d’ailleurs l’inquiétant Aaron dans le film, a accouché de cet étrange et fascinant objet filmique.

Cela dit, il faut avoir un attrait pour les drames poétiques et existentiels à la Ingmar Bergman, Andreï Tarkovski ou même Carl Theodor Dreyer pour savourer l’accent horrifique de The Righteous.

Ayant délaissé son appel de la religion pour fonder une famille, Frederic et sa femme Ethel peinent à se remettre de la mort de leur fille adoptive. Mais voilà qu’un soir arrive un jeune inconnu blessé sur leur ferme, et que tout basculera lentement.

La force du scénario, signé aussi par O’Brien, est de distribuer les explications au compte-gouttes, en même temps qu’on soulève d’autres questions. Il s’agit d’une véritable étude de la désolation humaine et ses tourments.

the righteous

The Righteous est en fait une parabole où il est parfois difficile de dissocier le réel et l’allégorie. On nous instaure tout de même un suspense dès le début. Qui est cet inquiétant intrus? Pourquoi Frederic le laisse-t-il si facilement entrer dans sa bulle et pourquoi ment-il à la police également? La culpabilité et le regret forment l’épine dorsale du long-métrage, qui tourne autour de ce curé défroqué, épuisé par le silence de ce dieu autrefois vénéré. L’auteur semble s’amuser à nous titiller et il le fait en donnant la mesure de sa dextérité. Si la trame paraît simpliste en surface, elle regorge d’ambiguïtés savoureuses et les fait mariner avec des dialogues travaillés.

Au niveau de la réalisation, la démarche artistique est aussi très recherchée. O’Brien s’acharne à dépeindre la banalité du quotidien en la poétisant avec la beauté formelle de ce noir et blanc. On a vraiment l’impression d’être face à la mise en scène d’un cinéaste ayant des années de métier.

Henry Czerny, qui a marqué la mémoire du Canada avec son rôle dans The Boys of St. Vincent, livre une prestation impériale face à une équipe toujours convaincante Mimi Kuzyk. Dans le rôle du mystérieux jeune homme, O’Brien est aussi très brillant.

Cette critique a été publiée lors de l’édition 2021 du festival Fantasia.

The Righteous arrive en vidéo sur demande le 24 juin prochain au Canada.

Horreur Québec