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«Orphan: First Kill»: les Blood Brothers expliquent comment ils ont rajeuni Isabelle Fuhrman sur le plateau [Entrevue]

L’antépisode Orphan: First Kill arrivait le week-end dernier en vidéo sur demande, treize ans après le Orphan de Jaume Collet-Serra, et une seule question est sur toutes lèvres: comment la production s’y est-elle prise pour rajeunir une femme adulte en fillette?

En effet, l’actrice Isabelle Fuhrman, 23 ans au moment du tournage de First Kill, avait 9 ans lors de la production du premier film et devait à nouveau incarner le rôle [divulgâcheur, si vous n’avez pas vu le premier film] de cette femme atteinte d’hypopituitarisme, un trouble hormonal rare qui retarde la croissance physique et provoque un nanisme proportionnel.

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La réponse: Blood Brothers FX. Les experts québécois en effets spéciaux traditionnels ont en effet été embauchés sur le plateau de la production américaine pour exécuter, entre autres, la lourde tâche. Horreur Québec s’est entretenu avec le duo composé de Jean-Mathieu «Jibs» Bérubé et Carlo Harrietha lors du tournage du film à Winnipeg en novembre 2020. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’on peut enfin vous présenter cette entrevue spéciale.


HQ: Commençons par la question que tout le monde se pose: comment exactement allez-vous rajeunir une femme de 23 ans en jeune fille à l’écran?

BBFX: C’est une bonne question. C’est la première question que nous avons posée à Casey Markus de Markus Effects lorsqu’il nous a appelés pour travailler avec lui sur ce film. Pour être honnêtes, on sait tous que de nos jours, à peu près tout est faisable à l’écran si vous trouvez la bonne façon d’aborder le problème. Tout d’abord, pour que les choses soient claires, faire paraître Isabelle [Fuhrman] petite et jeune n’est pas l’affaire d’un seul homme. Et deuxièmement, il ne s’agit pas toujours de la faire paraître petite… Parfois, il s’agit de faire paraître le reste plus grand. L’ensemble de la distribution et de l’équipe travaille ensemble pour y parvenir. Nous utilisons toutes les astuces: perspective forcée, doublures, plateaux surélevés, rigs de positionnement personnalisées pour la mettre à la bonne hauteur, chaussures à semelle compensée, maquillage, effets visuels, etc. Littéralement, toutes les astuces sont utilisées pour que ça fonctionne. C’est une bonne chose qu’Isabelle ne soit pas très grande et ait l’air naturellement jeune, donc la supercherie est possible.

HQ: Comment se déroule le tournage avec Isabelle Fuhrman? Comment est l’ambiance sur le plateau?

BBFX – Nous avons beaucoup travaillé avec Isabelle pour comprendre comment la faire se déplacer dans un fauteuil roulant personnalisé que nous avons construit pour elle afin de la rendre plus petite, et elle est tout simplement incroyable. Nous avons essentiellement dû apprendre à «manipuler» Isabelle comme une marionnette dans la chaise roulante modifiée avec un système de support complexe afin que nous ne soyons pas visibles à la caméra, et elle a dû apprendre à marcher en roulant sur ses genoux sans avoir l’air de flotter. C’était très difficile, mais nous sommes tous rapidement devenus «un» et avons appris à bouger ensemble en nous nourrissant de notre langage corporel et de ce qui se passait autour de nous.

Isabelle est l’une des actrices les plus gentilles, compréhensives et motivées avec lesquelles nous avons pu travailler. Elle est géniale et nous avons beaucoup de plaisir avec elle. Elle prend le temps de remercier tout le monde autour d’elle et reconnaît le travail de chacun. Elle est une personne très dévouée et talentueuse, et contribue à la motivation qui donne le courage à tout le monde de continuer à avancer. L’équipe travaille au moins 60 heures par semaine, sans compter toute la planification, la réflexion et la préparation qui se déroulent en dehors des heures de tournage. Nous tournons également beaucoup de lieux extérieurs la nuit et dans le froid (Winnipeg n’a pas reçu le surnom Winterpeg pour rien), donc son attitude joyeuse et dévouée nous aide tous à repousser nos limites pour faire de ce film. Toute la distribution est géniale. Julia [Stiles], Rossif [Sutherland], Matthew [Finlan] sont des gens vraiment amusants avec qui travailler. Ils aiment ce qu’ils font et sont prêts à relever tous les défis qui se présentent à eux. Leurs attitudes sont irréprochables et ça rend le travail beaucoup plus facile.

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Julia Stiles et Isabelle Fuhrman sur le plateau de Orphan: First Kill – Crédit photo: VVS Films

Quant à l’équipe technique, le talent et le dynamisme des techniciens locaux sont tout simplement incroyables. Tous les départements comptent des personnes extrêmement talentueuses et dévouées qui aiment ce qu’elles font. Tout le monde sait qu’elles ont de la chance de pouvoir faire ce qu’elles aiment dans la vie et cela se ressent immédiatement sur le plateau. Travailler sur des films n’est pas quelque chose que tout le monde peut faire, c’est extrêmement difficile. On travaille de très longues journées, on est épuisés, on est seuls, surtout quand on est à 2500km de chez soi. On se blesse, on s’inquiète, on s’angoisse, on est frustrés, on donne en gros tout ce qu’on a pour que ça fonctionne. Mais quand tu travailles avec une équipe comme celle-ci, tu oublies tout cela. Nous nous soutenons tous, nous nous protégeons tous, nous nous aidons tous, nous sommes une famille, nous ne faisons qu’un.

HQ: Vous travaillez également sur les scènes de meurtres. Quel est le niveau de gore attendu? Est-ce que le film sera plus sanglant que le premier?

BBFX: [William] Brent Bell est un réalisateur génial. Il est gentil, compréhensif, précis et veut toujours plus de sang. Maintenant, comme vous le savez tous, nous avons fait beaucoup de choses extrêmes, mais ce film ne parle pas de violence graphique. On ne dit pas qu’il n’y en a pas, mais la violence est beaucoup plus psychologique que graphique. Une femme de 30 ans se faisant passer pour une gamine de 10 ans qui veut tuer une famille et garder papa pour elle? Qu’est-ce qui n’est pas violent là-dedans? Pour être honnête, on dirait qu’on suit relativement le même style que The Orphan. Quand ça devient graphique, il y a une raison. Nous aimons faire ce genre de meurtres où nous devons être très précis et méticuleux. Vous savez tous que nous aimons les grosses scènes de gore extrême, mais faire des meurtres pour qu’ils aient l’air totalement réalistes est en fait plus complexe et exigeant, mais très satisfaisant quand vous réussissez!

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Isabelle Fuhrman reprend son rôle d’Esther 13 ans après le premier film. – Crédit photo: VVS Films

HQ: Et quand on pense aux Blood Brothers, on pense au feu et aux grosses explosions. À quoi peut-on s’attendre?

BBFX: L’atmosphère est une partie de notre travail que plusieurs oublient ou sous-estiment. Karim Hussain, le directeur de la photographie, est très talentueux. Sa façon de capter les choses avec l’objectif est incroyable. Il aime vraiment travailler avec la brume et la fumée. La brume fait partie intégrante de l’éclairage et affecte considérablement l’image, nous en faisons donc beaucoup. Nous travaillons également à faire plusieurs décors de neige. Il peut faire froid ici, mais il n’y a pas assez de neige. On fait alors équipe avec les gars de Markus Effects, on habille les environnements avec de la fausse neige et on allume les machines à neige et voilà… L’hiver glacial! Il faut mentionner que Markus Effects fait beaucoup de films Hallmark, ils sont donc vraiment bons avec la neige.

En ce qui concerne le feu et les explosions, ceux qui se souviennent de l’histoire que la religieuse de l’orphelinat a racontée à propos d’Esther savent ce qui est arrivé à sa dernière famille… Nous devrions donc plancher sur quelque chose à ce sujet. Nous ne pouvons pas vraiment divulguer quoi que ce soit sur le scénario, mais il y a une raison pour laquelle nous sommes ici. Mais pour ceux d’entre vous qui pensent deviner l’histoire que ce film raconte à cause de la religieuse… Nous ne dirons rien d’autre, mais vous vous trompez royalement.

Lisez notre critique de Orphan: First Kill.

HQ: Quels ont été vos plus gros obstacles sur cette production?

BBFX: Carlo a fait face à un gros défi dès le début du tournage, il s’est cassé le pied sans s’en rendre compte et a marché dessus pendant 2 semaines pensant que c’était dû à la fatigue des longues heures. Au bout d’un moment, c’est devenu insupportable alors il a fini par aller dans une clinique sportive (puisque nous évitions les hôpitaux à cause de la COVID), et il a découvert qu’il avait une fracture de stress. Les médecins lui ont mis une botte bionique et il était de retour sur le plateau à courir partout le lendemain. En dehors de cela, les défis sont plus de nature personnelle, comme mentionné précédemment; la fatigue, l’éloignement de nos familles et le stress font partie du quotidien, mais travailler avec une distribution et une équipe aussi incroyables aide vraiment tout.

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Rossif Sutherland, Julia Stiles et Isabelle Fuhrman sur le plateau de tournage – Crédit photo: Blood Brothers FX

NDLR: Horreur Québec rappelle que l’entrevue a été effectuée en novembre 2020, au moment du tournage de Orphan: First Blood.

HQ: En quoi les nouveaux protocoles de COVID-19 sur les plateaux compliquent-ils votre travail?

BBFX: On peut dire que nous sommes probablement le peuple le plus protégé au Canada. La production prend la menace très au sérieux. Le Manitoba est tombé au niveau rouge et a un taux d’infection élevé (environ 10%). Tous les tournages ont été arrêtés, à l’exception des productions qui ont déjà commencé et qui ont mis en place des protocoles stricts. Nous avons des couleurs d’équipe qui dictent où nous pouvons aller et avec qui on peut interagir. Nous sommes l’équipe rouge, nous sommes donc l’équipe la plus contrôlée de toutes puisque nous sommes en contact direct avec les acteurs et travaillons ensemble sur des plateaux fermés où la distanciation de rigueur est impossible. Toute la journée, tout le temps, on porte des masques et des visières (ceux qui suivent notre Instagram ou Facebook l’ont sûrement compris). Chaque matin, on remplit un questionnaire avant de sortir de chez nous, en arrivant sur le plateau ils prennent notre température et le niveau d’oxygène de notre sang et nous sommes testés tous les lundis, mercredis et vendredis. Ils nous ont également testés avant de quitter le Québec pour s’assurer que nous avions des résultats négatifs avant de prendre l’avion et nous ont testés immédiatement à l’atterrissage.

Il y a une équipe COVID sur le plateau qui lave tout le temps les choses communes comme les poignées de porte, nous rappelant de nous tenir à 6 pieds les uns des autres quand nous le pouvons, ils font fonctionner des machines de purification d’air UV sur le plateau. Aux repas, nous sommes jumelés sur des tables de deux séparées avec écran en plexiglas pour que nous puissions manger sans nos masques. Nous ne touchons pas au matériel d’un autre département sans d’abord nous désinfecter les mains et à la fin de chaque journée, nos assistants désinfectent tout notre matériel et le camion. Cela semble compliqué, mais c’est intégré par tout le monde et tout le monde respecte les protocoles. La société de production a fait un travail incroyable pour nous protéger et nous l’apprécions énormément. Honnêtement, en ces temps de fermeture dus à la COVID, nous nous sentons simplement bénis de travailler. Surtout sur un projet génial comme celui-ci!

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Après avoir orchestré son évasion d’un établissement psychiatrique estonien, Esther se rend en Amérique en se faisant passer pour la fille disparue d’une famille aisée dans Orphan: First Kill – Crédit photo: VVS Films

HQ: Vous êtes maintenant de plus en plus sollicités sur les productions internationales. Même si plusieurs d’entre elles ont ralenti le rythme, à quoi ressemble votre emploi du temps pour les prochains mois?

BBFX: Oui, la production a été durement touchée cette année [en 2020]. Nous travaillions habituellement sur au moins six films par an et cette année, Orphan: First Kill est la seule. Nous allons donc commencer par terminer ce projet et retourner à la maison retrouver nos familles pour les vacances de Noël. Puis on passe en préproduction pour tout le mois de janvier sur un film qui sera tourné au Yukon en février et mars, dont on ne peut pas dire grand-chose si ce n’est qu’il s’agit d’une science-fiction post-apocalyptique dans la neige [NDLR: il s’agissait du film Polaris de K.C. Carthew, présenté en ouverture du festival Fantasia 2022]. Nous ferons la conception et la fabrication d’armes en janvier, puis nous nous rendrons au Yukon pour le tournage. Nous sommes très excités par ce film. En dehors de cela, il y a quelque chose sur la table pour 2021 mais rien de confirmé pour le moment.

[NDLR: 2021 a finalement été la plus grosse année de l’histoire de Blood Brothers FX alors que les tournages ont explosé.]

Pour d’autres projets où vous voulez voir notre travail en effets spéciaux, gardez l’œil ouvert pour le film Confessions de Luc Picard qui devrait sortir en 2021 ou 2022 [NDLR: le film a pris l’affiche le 20 juillet 2022 au Québec] et si vous n’avez pas encore vu Slaxx ou Blood Quantum, vous devriez.


Orphan: First Kill est maintenant disponible en vidéo sur demande.

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Horreur Québec