Cette année, pour la Saint-Jean, plutôt que de rôtir sur l’asphalte avec une bière tiède, pourquoi ne pas célébrer le Québec autrement ?
Dans une chronique précédente, nous vous avions proposé un petit top 10 (très subjectif) de films d’horreur québécois — parce que le cinéma de genre d’ici mérite bien plus qu’un seul palmarès.
Voici maintenant notre mise à jour. Horreur Québec vous propose un nouveau top 5 de films d’horreur bien de chez nous, parfaits pour frissonner dans le noir pendant que le reste de la province entonne Gens du pays à tue-tête.
Car oui, le Québec ne se limite pas au drame rural ou à la comédie absurde : on sait aussi vous glacer le sang avec classe et dignité. Voici donc cinq films d’horreur made in Québec (ou presque) pour frissonner en bleu et blanc.
5. Brain Freeze – Julien Knafo (2021)

Synopsis :
Sur l’île de Montréal, un engrais révolutionnaire utilisé sur un terrain de golf huppé déclenche une catastrophe inattendue : les gens se transforment en zombies affamés de chair humaine. En pleine hécatombe, un ado rebelle tente de survivre avec l’aide d’un agent de sécurité… loin d’être préparé à gérer une apocalypse.
Pourquoi le voir :
Brain Freeze, c’est la comédie horrifique québécoise dans toute sa splendeur : absurde, sanglante, éco-consciente, et pas mal plus maligne qu’elle en a l’air.
Oui, c’est un film de zombies. Mais version golf, sirop d’érable et capitalisme qui tourne à la décomposition.
Un bon point de départ pour ceux qui aiment quand l’horreur a les deux pieds dans l’actualité… et l’autre dans le sirop.

4.Thanatomorphose – Éric Falardeau (2012)

Synopsis :
Une jeune femme se réveille un matin et découvre que son corps se décompose lentement, sans raison apparente. Et personne autour ne semble vraiment s’en soucier. Son appartement devient alors le théâtre glauque d’une métamorphose morbide.
Pourquoi le voir :
Thanatomorphose est le film le plus malaisant de ce top, et sans doute le plus viscéral jamais tourné au Québec. Zéro humour, zéro compromis, juste une lente descente dans la chair en décomposition, traitée comme une allégorie poisseuse de l’aliénation, du désir et du pourrissement intérieur.
Ce n’est pas pour tout le monde. Mais pour les amateurs de body horror à la Cronenberg version underground : foncez. Ou pourrissez.

3. Les Affamés – Robin Aubert (2017)

Synopsis :
Dans une région rurale du Québec, une épidémie transforme les gens en êtres silencieux et voraces. Un petit groupe de survivants tente de comprendre, d’échapper, ou simplement de continuer à vivre pendant que le monde s’effondre en forêt.
Pourquoi le voir :
Les Affamés est le film d’horreur québécois qui a réussi à séduire l’international sans perdre son âme. Mélange de drame humain et de zombies pas si bêtes, avec une ambiance pesante et des silences qui en disent long.
Ici, pas de gros effets spéciaux. Juste du vent, de la mélancolie, et de la machette bien placée.
Un film de genre, oui — mais ancré dans notre paysage, nos silences, et nos peurs bien locales.

2. Ghostland – Pascal Laugier (2018)

Synopsis :
Deux sœurs traumatisées après un home invasion ultraviolent se retrouvent, des années plus tard, dans la maison de leur mère décédée. Mais la maison n’a pas oublié ce qui s’y est passé… et peut-être qu’elles non plus.
Pourquoi le voir :
Bon, on triche un peu : Ghostland est une co-production franco-québécoise, réalisée par Pascal Laugier (le sadique tendre derrière Martyrs), avec une équipe et une production québécoises bien présentes. Mais triche ou pas, c’est un coup de poing dans la gueule cinématographique : brutal, psychologique, déstabilisant.
Oui, c’est excessif. Oui, ça enchaîne les traumas. Mais il y a du sang québécois dans ces murs-là, et ça vaut le détour.

1 – Les Chambres rouges (2023) – Pascal Plante

Synopsis :
Deux jeunes femmes fascinées par un procès de tueur en série s’immergent dans le macabre, au point de flouter la ligne entre fascination morbide et complicité silencieuse. Pendant ce temps, le monde réel continue de scroller TikTok.
Pourquoi le voir :
Les Chambres rouges, c’est LE film québécois d’horreur immanquable de ces dernières années. Un regard froid, chirurgical et implacable sur la fascination contemporaine pour le true crime, les tueurs et la violence gratuite.
Pas besoin de monstres ici : le malaise suinte de chaque image, et surtout de nous, spectateurs complices.
C’est intelligent, anxiogène, magnifiquement réalisé. Et c’est une preuve claire que le Québec peut faire du très grand cinéma de genre, sans copier personne.
Paru en janvier dernier aux Éditions Somme Toute, le scénario vaut franchement le détour — une recommandation appuyée pour quiconque s’intéresse à l’écriture scénaristique.

En conclusion :
Si le cinéma est un miroir, alors le Québec a su y refléter ses cauchemars avec panache.
Des zombies en forêt, des corps en décomposition, des obsessions malsaines et des procès qui fascinent trop : c’est ça aussi, la culture québécoise.
Bonne Saint-Jean!
Et quoi de mieux qu’un bon film d’horreur local pour se rappeler qu’on est bien vivants… et qu’on frissonne collectivement.