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[Critique] Perpetrator: un film aux personnalités multiples

La réalisatrice Jennifer Reeder (Knives and Skin, Night’s End), reconnue pour ses œuvres éclectique et imaginative, nous livre son tout dernier film: Perpetrator. Mettant en vedette Kiah McKirnan (Night Sky) et Alicia Silverstone (The Killing of a Sacred Deer, The Lodge), le film explore de façon bien singulière l’objectification des femmes, l’importance de la solidarité féminine et la soif d’égalité.

Jonny Baptiste, une adolescente farouche, déménage dans une ville où une série de jeunes filles est portée disparue. En cohabitation avec sa grand-tante Hildie, elle découvrira peu à peu les dessous de ces sordides enlèvements et lèvera le voile sur le côté obscur de sa famille et, par le fait même, de sa propre personne.

Passer par qua…rante chemins!

Perpetrator affiche film

Dès les premières minutes du film, on se doute que Perpetrator désire mélanger plusieurs genres et que nous devrons probablement garder l’esprit ouvert et se laisser guider sans trop se poser de questions. En effet, la prémisse nous en met plein la vue en juxtaposant des images énigmatiques qui suggèrent fortement un style proche de la science-fiction, rappelant l’esthétique Cronenberg, plus précisément certaines scènes à la fois feutrées et «gluantes» d’Infinity Pool.

L’idée de base est prometteuse: de jeunes femmes sont kidnappées, et leur bourreau ne semble pas jouer dans la dentelle si on se fie à l’hémoglobine qui emplit l’écran. Jonny nous est ensuite présentée comme une jeune femme tourmentée, mais forte et entêtée, qui évolue aux côtés d’adultes cachant visiblement de troublants secrets. Dans le premier quart du film, on accepte d’emblée toute confusion ou étrangeté, dans l’espoir d’être éventuellement mis au parfum de ce qui se passe réellement dans cet univers qui inspire peu la confiance.

Mais plus les minutes avancent, plus il est évident que l’énigme risque de ne pas être résolue. Les personnages se cumulent, mais ne jouent pas en faveur du scénario. Plutôt que de soutenir l’histoire, ils l’embrouillent davantage et la font partir dans toutes sortes de directions. Mais les attentes demeurent tout de même puisque, de toute évidence, Perpetrator se veut une œuvre excentrique qui défie et transgresse les règles. Le développement de l’histoire est peut-être intentionnellement trompeur? Notre patience sera peut-être récompensée par une finale appréciable? La réponse: non.

Message mal interprété

On comprend toutefois le message sous-jacent qui nous porte à réflexion au sujet de l’oppression des femmes encore bien présente dans notre société, malgré les changements de mentalités et les prises de conscience. Le propos est évident et on saisit somme toute ce que la réalisatrice veut exprimer haut et fort. Toutefois, si le brouhaha qui entoure le message féministe avait été quelque peu atténué, ce dernier aurait obtenu plus d’impact.

L’histoire aurait également mieux abouti si elle avait été soutenue par un jeu d’acteurs compétent. La grande majorité des interprètes campent leur rôle avec beaucoup de difficulté. Malgré les efforts déployés, la plupart ne parviennent pas à s’immiscer concrètement dans la peau de leur personnage. Même Alicia Silverstone, qui offre généralement de bonnes performances à l’écran, peine à nous faire croire à son personnage de «sorcière mal aimée» avec un jeu trop théâtral, à la limite du risible. Le tout est enveloppé d’une trame sonore omniprésente qui n’aide pas à prendre le film au sérieux. Des mélodies s’imposent à tout moment et détonnent des scènes mises à l’écran.

En somme, Perpetrator se classe malheureusement dans la longue liste de films aux bonnes intentions, mais qui ne parviennent pas à rassembler leurs idées. En cinéma d’horreur, force est d’admettre que la ligne est souvent très mince entre l’étrange et l’absurde!

Cette critique était publiée dans le cadre de l’édition 2023 de Fantasia.

Perpetrator est maintenant disponible via Shudder.

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Pour les fans...
films excentriques qui mélangent plusieurs genres
de l'esthétique Cronenberg
2
Note Horreur Québec
Horreur Québec