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[Fantasia 2023] Talk to Me: frissons garantis ou argent remis*

AVERTISSEMENT: vous n’êtes pas prêts pour Talk to Me (Parle-moi). Oh que non, les ami·e·s.

Depuis sa première mondiale en janvier dans le cadre du prestigieux festival Sundance, Talk to Me est sur toutes les bouches, se méritant des notes quasi parfaites jusqu’à présent. Si le hype est réel, on avouera d’emblée qu’il est pleinement mérité. Juste avant sa sortie en salle ce vendredi 28 juillet, ses réalisateurs, les frangins australiens Michael et Danny Philippou, sont passés par Montréal afin de présenter leur film en première canadienne à la légendaire foule du festival Fantasia — qui ne nous a pas fait honte, vous pouvez être rassurés.

Il faut savoir que c’est le tout premier long métrage des Philippou (qui avaient bossé dans l’équipe technique de The Babadook), qui sont principalement connus sur YouTube. Depuis 2013, la paire a publié bon nombre de fort populaires courts humoristiques sur leur chaîne RackaRacka. C’est d’autant plus surprenant que Talk to Me ait été produit sans compromis aucun, sans l’interférence des studios, pour ensuite être distribué par A24 qui ont sauté dessus après l’avoir vu à Salt Lake City en janvier dernier. Notez que le film est distribué au Canada par VVS Films. Ça raconte quoi (sans divulgâcheur, bien évidemment)?

À l’aide d’un mystérieux artefact, une bande d’amis en quête de sensations fortes réussit à convoquer momentanément non pas des démons — comme dans Hellraiser — mais plutôt les esprits de gens décédés. Le tout s’effectuant au grand plaisir des témoins hilares de ces toujours surprenantes possessions. Rapidement, ces brèves et exaltantes expériences (découlant d’un rituel impliquant la blanchâtre statue d’une main crayonnée, façon plâtre d’estropié) créent une dépendance au sein du cercle d’amis, tels des stupéfiants ou autres psychotropes. Jusqu’à ce qu’une des invocations ne se déroule pas — mais alors pas du tout — comme prévu. Nos protagonistes regretteront amèrement de n’avoir pas cru ce vieil adage voulant qu’on fasse mieux de laisser les esprits reposer en paix.

Toute une gifle!

Talk To Me affiche film

Ça faisait bien longtemps qu’un film d’horreur ne nous avait pas foutu une si belle raclée. Du coup, on se gardera d’en dévoiler plus de la prémisse, afin de vous laisser découvrir la finesse de son scénario dépourvu de clichés. La bande-annonce lassait présager une énième histoire de possession style Evil Dead, ou encore de spiritisme à la Ouija. À mille lieues de là, on n’est pas non plus dans l’hommage ou la citation (à part peut-être ce plan rappelant une séquence chère au maître du suspense), bien qu’on puisse aisément deviner que les gars sont des cinéphiles avertis.

Ils ont clairement vu nos films favoris, autant les classiques d’antan que les contemporains. Vous savez ceux qui savent évoquer autant que choquer, dotés d’une poésie macabre que seuls d’authentiques auteurs peuvent imaginer. On parle d’œuvres cultes, de Candyman à Get Out et It Follows, en passant par les toujours aussi terrifiants The Shining et The Exorcist, entre autres.

On comprend aussi, et ce, plutôt rapidement, ce qui a pu séduire les bonnes gens de chez A24, la compagnie derrière des œuvres horrifiques aussi percutantes que singulières telles que Under the Skin, Men, Saint Maud, Green Room et autres Hereditary. Ils sont constamment à la recherche de nouveaux talents, de nouvelles voix, d’idées fraîches. Pas de redite, ni rien d’usé. Qui plus est, le style et surtout l’approche des frangins sont ultramodernes, soulignant au passage qu’aujourd’hui, les (jeunes) gens n’existant que dans le regard de l’autre sont hélas pluriel·le·s.

Stupeur et frissonnements

Ici, on maitrise l’effroi, le dégoût et la surprise pour terrifier, troubler ou estomaquer le public, qui plus est, dès les toutes premières minutes. Avant même qu’apparaisse le titre, on se surprend à ramasser une première fois notre mâchoire sur le plancher, les yeux écarquillés. Et ce ne sera pas la dernière. La violence est frontale (et fait très mal), et les apparitions sont aussi cauchemardesques que repoussantes. Non, on n’y est pas allé de main morte (‘scusez-la). Or, fort heureusement, on utilise les effets chocs avec parcimonie, afin de maximiser l’impact de certaines scènes clés, avant que le tout parte en vrille, nous choquant solidement et à maintes reprises. Mentionner que le long métrage a été mené de main de maitre par le duo australien relèverait autant de l’euphémisme que du calembour le plus facile, hein?

Talk To Me affiche film

Or, tout cela serait caduc et oubliable sans une distribution béton (et diversifiée). En tête, la formidable Sophie Wilde (The Portable Door) incarne Mia, une ado troublée qui va en baver. D’un bout à l’autre, on a droit à de touchantes et troublantes performances, alors que sont abordés des thèmes tout sauf légers. En vrac, il est subtilement question d’enjeux de santé mentale, de deuil et de l’éclatement de la cellule familiale dans ce récit centré autour des rites initiatiques et de la soif d’interdit. Les Philippou ont su encapsuler fort habilement l’adolescence post-Jackass et ultraconnectée, où tout est possible dès qu’on est mis au défi et qu’une caméra se met à tourner.

Attiré par la possession, on y reste pour l’émotion, qui est légion. Impossible de trouver un défaut au film, ni de faire fi de ce qu’on y a vu: cette intense en envoûtante histoire de hantise restera à jamais buriné sur notre rétine. Ajoutez à tout ça de solides effets pratiques (on les en remercie!) et vous obtiendrez une petite idée de ce qui vous attend si vous décidez de laisser entrer dans votre psyché ce nouveau film culte qu’est Talk to Me.

***

P.S.: Du coup, on vous met au défi d’aller le voir en salle (C’EST UN ORDRE!) et de ne pas le trouver foutrement efficace.

*NDLR: Horreur Québec ne s’engage absolument pas à rembourser quiconque n’ayant pas adoré Talk to Me, même si votre scribe va quand même vous juger un tout petit peu (on rigole, tout le monde a droit à son opinion!).

Voyez également notre entrevue avec les réalisateurs Michael et Danny Philippou.

Talk to Me est disponible sur:
Note des lecteurs53 Notes
Pour les fans...
d'horreur occulte et des films de possession
de récits foutrement bien écrits, magnifiés par de puissantes performances
du plus sombre d’A24 (i.e. Under the Skin, Men, Saint Maud, Green Room et Hereditary)
4.5
Note Horreur Québec

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Horreur Québec