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[Critique] «Hollywood Dreams & Nightmares: The Robert Englund Story»: le grand homme derrière Freddy

Tout le monde connaît Freddy, le croquemitaine qui hante les cauchemars depuis près de quatre décennies. Même ta mère sait c’est qui. Oh oui, pas que les fans d’horreur ont pu voir ici et là Krueger et son chapeau fatigué, son chandail festif et rayé, son gant et ses lames aussi rouillées qu’acérées.

Mais qu’en est-il de son interprète? Pour plusieurs, Robert Englund est Freddy et vice-versa (on a vite fait d’oublier celui qui joua le personnage dans la refonte de 2010). Un rôle qui lui colle à la peau encore aujourd’hui, quarante ans après qu’il se soit assis dans la chaise de maquillage pour la toute première fois. Et ce, même si l’acteur a amassé plus de 150 crédits sur IMDb depuis la sortie de son tout premier long-métrage, le drame Buster and Billie (1973). Enfin, Hollywood Dreams & Nightmares: The Robert Englund Story, le documentaire qui lui est consacré, vient de sortir en vidéo sur demande.

Robert Englund, l’icône horrifique que l’on connait surtout pour avoir incarné le personnage de Freddy pendant deux décennies, se raconte, tant au niveau personnel que professionnel. De plus, on en apprend plus sur l’homme derrière les prothèses de latex à travers diverses entrevues, que ce soit avec des fans célèbres, des collaborateurs et autres collègues de l’acteur.

Jusqu’au prime time (bitch)

Hollywood Dreams and Nightmares The Robert Englund Story affiche film

Le documentaire remonte très tôt dans la vie d’Englund, soit au début des années 1960, alors qu’il commence à jouer au théâtre les rôles principaux des contes immortels que sont Aladdin, Peter Pan et Pinocchio. Il a la piqûre, instantanément, même si son père le voyait plutôt devenir avocat. Rapidement, il enchaina les classiques, des pièces de Shakespeare à Dracula (dans lequel il interprétait le rôle de Jonathan Harker, qu’il a tenu à préciser).

Des acteurs qui l’ont côtoyé à l’époque, comme le cultissime Lance Henriksen (Aliens, Pumpkinhead, Near Dark) et William Katt (Carrie, House), se remémorent le temps où ils peinaient à boucler les fins de mois entre deux petits contrats. Englund n’a peut-être pas réussi à décrocher le rôle de Billy Nolan dans le susmentionné film de Brian de Palma (qui lui préféra John Travolta), ni celui de Han Solo (l’anecdote est parfaite), mais il a quand même pu se faire maquiller par feu Stan Winston (Aliens, Terminator, Jurassic Park, etc.) sur le plateau de Dead & Buried (1981) du réalisateur Gary Sherman, qui a tellement adoré travailler avec lui, qu’il a donné plus de place à son personnage.

Et si vous n’avez jamais visionné la série V (1982), sachez que c’est le rôle du gentil reptilien Willy qui a d’abord mis Englund sur la map, comme elle connut un beau succès. Et qui était cascadeur sur la série? Kane Hodder, alias le plus célèbre interprète de Jason, qui a croisé Englund à nouveau sur les plateaux du Hatchet (2006) d’Adam Green et Wishmaster (1997), scénarisé par Peter Atkins (la franchise Hellraiser), qui mettait aussi en vedette nul autre que Tony Todd (Candyman). Tout ce beau monde-là est évidemment du documentaire, de même que d’autres pointures du genre comme Bill «Chop Top / Otis Firefly» Moseley, Doug «Pinhead» Bradley (avec qui Englund a joué dans Killer Tongue en 1996) et même Corey Taylor, chanteur du groupe métal Slipknot (qui raconte avoir été honoré de travailler avec lui sur Fear Clinic en 2014).

Hollywood Dreams And Nightmares The Robert Englund Story image bande-annonce

(Pas du tout) Seul dans la nuit

On passe évidemment un bon moment sur la franchise A Nightmare on Elm Street. Depuis la sortie du tout premier film en 1984 (merci au regretté Wes Craven d’avoir imaginé un concept si puissant), en plus de la susmentionnée refonte, on a pu voir le personnage dans pas moins de huit longs-métrages et une série télé. L’un des réalisateurs de cette dernière, Mick Garris (le réalisateur préféré de Stephen King), nous parle justement de Freddy’s Nightmare dans le documentaire.

Au générique, on retrouve également plusieurs acteurs et actrices de la franchise, tels que Heather Langenkamp, Amanda Wyss, Lin Shaye, Danny Hassel, Kelly Jo Minter, Miko Hugues et plus encore, qui reviennent tous avec plaisir sur leur collaboration avec celui qui jouait le cauchemardesque (et bien souvent marrant) méchant. Si c’est toujours aussi plaisant d’entendre Nancy jaser de son ami, on préfère quand même se faire raconter une fois de plus – et par le principal intéressé – la fameuse audition qui a changé la vie de l’interprète de Freddy.

Il faut rappeler que pendant le boom du slasher à la fin des années 1980, le grand brûlé était littéralement partout. Le bavard meurtrier était invité sur les talk-shows et dans les galas. On retrouvait sa face de pizza pepperoni-fromage sur les couvertures de magazines partout dans le monde. Des tonnes de produits dérivés (affiches, jeux vidéo, figurines, albums, romans, bédés, etc.) étaient en vente sur les rayons des grandes surfaces. Et oui, bon nombre de gamins passaient l’Halloween déguisés en meurtrier d’enfants!

Après le succès des premiers films, Englund tâta la réalisation. En plus de quelques épisodes de la série dont il est l’hôte, on lui doit le très fun 976-EVIL (1988), sur le plateau duquel il rencontra celle qui devint son amoureuse, Nancy Booth, qui travaillait alors aux décors. Une histoire d’amour qui offre au documentaire son moment le plus mignon.

Robert Englund

La vie après Freddy

Malgré l’immense succès de Freddy vs. Jason (2003), l’acteur n’enfila hélas plus jamais le chandail rouge et vert du croquemitaine dans un long-métrage. Or, devant la caméra, Englund est toujours resté très actif, que ce soit dans des films à microbudget comme Zombie Strippers (2008) ou des succès comme Urban Legend (1998). Il a même pu jouer trois fois sous la direction de Tobe Hooper, le depuis disparu réalisateur de The Texas Chainsaw Massacre (soit sur Eaten Alive, The Mangler et Night Terrors).

Non mais vous en connaissez beaucoup, vous des acteurs qui ont pu jouer aux côtés des stars de la trempe de Burt Reynold, Jeff Bridges, Susan Sarandon, Henry Fonda, Patricia Arquette et Johnny Depp? En plus, il connait le cinéma sous toutes ses coutures (la technique, les objectifs, la réalisation, etc.). Sérieux, TOUT le monde n’a que des bons mots à l’égard du bonhomme. Autant ses collègues acteurs, que les techniciens, artistes aux SFX, caméramans, scénaristes, réalisateurs…

Avec le réalisateur Dwight H. Little (Halloween 4) et l’actrice Jill Schoelen (The Stepfather), on jase de leur version sanglante de The Phantom of the Opera (1989), alors qu’avec l’actrice Lin Shaye, le réalisateur Tim Sullivan et son producteur Eli Roth, on revient sur 2001 Maniacs (2005), la refonte du classique d’E.G. Lewis, dans lequel Englund brillait dans le rôle du singulier maire.

De plus, c’est l’acteur lui-même qui nous raconte les faits saillants de sa rocambolesque carrière, en direct de chez lui, dans son intimité, au milieu d’artefacts liés aux films auxquels il a participé au fil des ans. Et sachez que c’est tout un raconteur, doté d’une mémoire phénoménale, nous offrant tout plein d’anecdotes des plus savoureuses. Comme celles mettant tour à tour en vedette des pointures comme Verhoeven, Carpenter, Cameron, Schwarzenegger et même Tarantino.

Hollywood Dreams and Nightmares The Robert Englund Story image

Le Grand Robert

Bref, Englund le méritait vraiment ce bel hommage que lui ont rendu les réalisateurs Gary Smart et Christopher Griffiths, spécialisés dans le documentaire cinématographique (sur Return of the Living Dead, It, Fright Night, Hellraiser, RoboCop, et plus encore). Le ton est tantôt léger, tantôt touchant, souvent marrant et toujours intéressant.

Si l’aspect musique laisse un peu à désirer (pas mal le seul bémol, ainsi que la durée, car on aurait pu couper quelques-unes de ses 134 minutes), le montage est dynamique, alors que très fun est la direction artistique. On y mélange beaucoup de photos et d’illustrations animées, en plus d’y insérer des images d’archives, en les projetant sur des télés cathodiques ou des murs.

Au final, ce qu’on retient, c’est que non seulement Englund est un acteur passionné, professionnel, talentueux (sans lui, ne serait pas devenu éternel Freddy) et ultrapolyvalent (et hélas sous-estimé), c’est aussi un homme généreux (en particulier avec les novices), un romantique, bref, un vrai de vrai gentleman.

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Pour les fans...
de documentaires sur le 7e art
de slashers en général et d’horreur des années 1980
de Freddy (évidemment)
4
Note Horreur Québec

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